Homélie de notre curé sur les abus sexuels dans l’Église

Homélie sur les abus sexuels dans l’Église

13 novembre 2022

Saint Paul, dans la 2ème lecture, fait des reproches à l’Église qui est à Thessalonique. Il dit : « Nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire » ...

Apparemment, des responsables religieux de l’époque profitent de leur position pour se faire entretenir par les chrétiens en passant les journées à ne rien faire... St Paul ne le supporte pas, lui qui a voulu être un modèle de droiture, lui qui a cherché à être le plus honnête possible.

« Certains d’entre vous mènent une vie déréglée »... Cette parole nous rejoint dans
l’actualité de cette semaine. La vie déréglée d’évêques, la vie déréglée de prêtres, la vie déréglée de l’institution de l’Église dans son fonctionnement...

Dieu envoie l’Église en mission dans le monde pour apporter le Salut à l’humanité. Et au lieu d’apporter le Salut, certains de ses membres, apportent la souffrance et détruisent des vies.
C’est insoutenable.

Et ce n’est pas nouveau, ce n’est pas d’aujourd’hui.

Dans l’histoire de l’Église, nous trouvons des personnes exemplaires qui ont œuvré à un monde meilleur. Qu’ils soient connus comme mère Térésa, l’abbé Pierre, Dom Bosco, Saint François d’Assise, Carlo Acutis... Ou qu’ils soient anonymes, nos frères et sœurs du quotidien proches de nous qui nous marquent par leur foi, leur exemplarité, leur dévouement pour les autres.

Mais dans l’histoire de l’Église, nous trouvons aussi des personnes qui ont fait beaucoup de mal, qui ont détruit des vies... Ce n’est pas d’aujourd’hui...

On aurait pu penser que les prêtres et les évêques étaient des personnes ayant une qualité de vie supérieure, parce qu’ils ont répondu l’appel de Dieu à le suivre, parce qu’ils annoncent la Bonne Nouvelle, parce qu’ils sont sensés mener une vie de prière et de messe quotidienne...

Nous prenons conscience qu’ils ne sont pas en dehors de la vie humaine faite de lumière et de ténèbres. Parmi eux, certains ont les mêmes tentations, les mêmes dérèglements, les mêmes pauvretés que d’autres. Ils ne sont pas meilleurs que les autres.

On attend d’eux qu’ils aient une cohérence de vie entre ce qu’ils annoncent du Salut de Dieu et ce qu’ils vivent dans leur quotidien, et on découvre que certains ont des doubles vies, une vie cloisonnée en compartiments étanches. Des doubles vies absolument contradictoires.

Que faire ? Comment avancer ?
Je pense que les évêques de France ont eu raison de mettre en place une commission indépendante de laïcs, la CIASE, pour que ce soient eux, et non les évêques, qui fassent un état des lieux et listent les changements à apporter.

Je pense qu’ils ont raison d’appeler des personnes laïques pour qu’elles suivent, vérifient et surveillent ce que l’institution Église fait quand une victime dénonce le comportement d’un prêtre. Pour mener les procédures jusqu’au bout.

Je pense que les médias et les chrétiens ont raison de mettre la pression sur l’Église pour que ces changements soient peu à peu mis en place.

Il faut que notre diocèse fasse les changements nécessaires. Notre évêque est en train de mettre en place une équipe d’action spécifique qui surveillera toutes les mises en œuvre dans notre diocèse pour lutter contre les abus.

Il faut que toutes les victimes puissent se sentir libres de parler et de raconter ce qu’elles ont vécues. Dans notre diocèse a été mise en place une cellule d’écoute faite de professionnels pour que toute personne qui se manifeste soit reçus, écoutés, entendus.

Il faut que dans nos activités d’Église, il n’y ait plus la possibilité que des prédateurs passent à l’acte. Notre diocèse a écrit une charte de protection des mineurs, en particulier pour les camps. Elle liste ce qui est interdit et ce qui doit être fait. Il y a un passage particulier pour les prêtres.

Il faut donner plus de places aux laïcs dans la participation à la gouvernance quotidienne du diocèse. Le conseil le plus proche de l’évêque, c’est le conseil épiscopal, dont je fais partie. Il se réunit tous les vendredis matin pour gérer toute la vie quotidienne du diocèse, y compris les problèmes qui se posent. Depuis deux ans, deux laïcs, deux femmes en font partie. En ce moment, il est en train d’évoluer avec l’arrivée d’autres laïcs.

Il faut que dans ses prises de parole, l’Église soit plus modeste et plus humble. Qu’elle ne regarde pas de haut en se croyant meilleure que les autres.

Il y a encore bien d’autre chose à faire...

C’est dur en ce moment d’être évêque, et c’est dur d’être prêtre. Certains font tout leur possible. Merci à ceux qui, parmi eux, agissent avec tous les baptisés pour convertir l’Église.
Dans la profession de foi que nous disons chaque dimanche, nous disons que l’Église est sainte. Elle n’est pas et ne sera jamais sainte parce que tous les chrétiens seraient des personnes au comportement exemplaires.

Le Crédo dit que l’Église est sainte, parce que le Christ l’accompagne. Il la corrige encore et toujours. Jésus a toujours été du côté des petits, des pauvres, des victimes. Les adversaires de Jésus, c’étaient des hommes religieux ayant de grandes responsabilités : des grands prêtres, des scribes, des pharisiens, des docteurs de la loi...

Notre Espérance est en l’action de Jésus-Christ. Alors, prions et agissons pour que, par chacun d’entre nous, le Christ puisse agir pour que la vie l’emporte sur la mort.

Amen.

L’homélie au format pdf :

Homélie de notre curé sur les abus sexuels dans l’Église